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Super-Tunisian's in a fix, she's calling on chance

Super-Tunisian est dans le pétrin, elle fait appel au hasard

 

Cardboarddices, marker pen, adhesive tape, 400 x 400 cm, Tunis, 2012

Exhibition view from ACT1, Bchira Art Center. Performance duration: 3 hours

Michèle Cohen Hadria : Dans ta deuxième performance, la notion de participation citoyenne s'est précisée.

 

Moufida Fedhila : C'est après cette deuxième performance que j'ai reçu des menaces de mort. Pourtant c'était dans une galerie, non dans l'espace public. L'idée était que Super-Tunisian était censé suivre l'évolution de la société tunisienne. Mais à ce moment, on subissait une stagnation des espérances. Il y avait une dépression incroyable. Je voulais que Super-Tunisian apparaisse en anti-héros, en clown déchu... Je faisais comme s'il avait besoin de la force des gens qui interviendraient dans cette performance intitulée: « Super-Tunisian est dans le pétrin, elle fait appel au hasard ». Tout partait d'un jeté de dé. Chaque dé portait sur ses faces des chiffres correspondants aux événements qu'avait connus la Tunisie. Le chiffre 20 (du 20 mars, jour de l'Indépendance), Le 23 (du 23 octobre, jour des élections), le 7, (du 7 novembre, coup d'état de Ben Ali), le 14 (du 14 janvier 2011 et du soulèvement). J'ai ajouté le chiffre 1 et le zéro. Le 1, pour le décideur, le zéro pour tous les possibles. Le visiteur entrait dans un carré tracé au sol, appelé « Free Speech Zone ». Un ou deux à la fois seulement y étaient autorisés. Les autres attendaient hors du périmètre. Le visiteur jetait les dés. Et à partir de là, il formulait une pensée, même un seul mot... pour aider Super-Tunisian dans ce moment difficile... C'est drôle, certains obtinrent deux 7 à la suite, et là, ils se sentaient mal. Si le 7 est porte-bonheur pour d'autres, pour les Tunisiens c'est le chiffre de la malchance, du jour du coup d'état qui enclencha vingt trois ans de dictature. Je leur permettais alors de réessayer, pour que d'autres chiffres leur suscitent de nouvelles idées... Mais tout ça parlait aussi de notre rapport à l'histoire : comment se reconstruit-on, aujourd'hui face à ce passé ? Sur toutes pancartes, il y avait des messages sur l'art, l'actualité, des critiques contre le Ministre de l'Intérieur, des choses parfois très personnelles. Les uns écrivaient une phrase, d'autres, une lettre seule, « Le temps pour l'amour, le temps contre l'obscurantisme »,

« Vive la Tunisie »,  « La balle est dans mon camp ». Un message en arabe aux Salafistes: « Tu ne me fais pas peur » ou « Fe'dina » qui veut dire « il y en a marre » ou « je suis une femme libre »; ou « Un chien aboie sur un avion »... un artiste a écrit ça. « M'ala ghas'ra» qui signifie l'impasse, par rapport à la politique. Des enfants aussi ont fait des dessins. Il y avait du monde ce jour-là. J'ai senti en eux cette soif de participer...

 

Extrait de "Trois Artistes Tunisiennes", KT Press

Moufida Fedhila, Créer c'est Résister, Paris, 2013

Michèle Cohen Hadria: In your second performance, the notion of citizen participation became clearer.

 

Moufida Fedhila: It was after that second performance that I received death threats. Yet it was in a gallery, not in public space. The idea was that Super-Tunisian was deemed to follow the development of Tunisian society. But at that point we were experiencing a stagnation of hopes. There was incredible depression. And I wanted Super-Tunisian to appear as an anti-hero, as a fallen clown... I made out that he needed the strength of the people who would intervene in that performance Super-Tunisian est dans le pétrin, il fait appel au hasard /Super Tunisian’s in a fix, she’s calling on chance. Everything started with a throw of the dice. On its sides, each dice had numbers corresponding to events Tunisia had experienced. The number 20 (from 20 March, Independence Day), 23 (from 23 October, election day), 7 (from 7 November, Ben Ali’s coup d’état), 14 (from 14 January 2011 and the uprising). I added the number 1 and a zero. The 1 for the decision-maker, the zero for all possibilities. The visitor entered a square drawn on the floor called the ‘Free Speech Zone’. Only one or two were allowed there at a time. The others waited outside the perimeter. The visitor threw the dice. And based on that he would formulate a thought, even a single word... to help Super-Tunisian at this difficult time... It’s odd, some people got two consecutive 7s, and if they did they felt bad about it. If 7 is a lucky number for others, for Tunisians it is the number of misfortune, or the day of the coup d’état that sparked 23 years of dictatorship. Then I let them try again so that different numbers would prompt new ideas in their minds... But it all also spoke of our relationship to history: How do we rebuild ourselves today in view of that past? On all the placards there were messages about art, current events, criticisms directed at the Minister of the Interior, things that were sometimes very personal. Some people wrote a sentence, others a single letter, ‘Time for love, time against obscurantism’, ‘Long live Tunisia’, ‘The ball is in my court’. A message in Arabic to the Salafists: ‘You don’t scare me’ or ‘Fe’dina’ which means ‘We’ve had enough’, or ‘I’m a free woman’; or ‘A dog barks on a plane’... an artist wrote that. ‘M’ala ghas’ra’ which means stalemate, in relation to politics. Children did drawings too. There were a lot of people there that day. I sensed that thirst to participate in them...

 

Excerpt "Three Tunisian Woman Artists, Interview, KT Press"

Moufida Fedhila, “Creating is Resisting”, Paris, 2013 

 

 

 

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